C’est en recevant les paniers « bio » que j’ai vu pour la première fois un salsifis ! Je n’avais jamais vu de citronnelle, jamais mangé de topinambours, jamais cuisiné les fanes des carottes... Mon manque de culture était assez impressionnant ! J’ai pensé que tous ces légumes méritaient d’être
re-connus. J’ai eu l’envie d’apporter un nouveau regard sur ces légumes qui font partie de notre quotidien. Je me suis prise au jeu de les photographier en tant que « natures vivantes ».
Dans ma démarche photographique, je souhaite montrer l’harmonie présente en chaque être humain à travers sa personnalité et son unité avec la Nature. Chaque photo est une mise en scène qui se crée tout naturellement entre la personne, le légume, la lumière et moi-même. J’ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir cette alchimie.
J’ai développé cette série avec mes amis, mes voisins, ma famille, puis avec des personnalités dont certaines sont impliquées dans la culture des légumes, leur transformation ou défendent des valeurs éthiques et environnementales.
Avec Christophe, nous avons choisi les informations qui nous amusaient ou nous intéressaient. La recherche de celles-ci a été réalisée indépendamment des prises de vues. C’est donc de façon inattendue que certains liens sont apparus. Nous n’avons évidemment pas visé à présenter l’exhaustivité des légumes. Cela s’est déroulé au fil des saisons de façon aléatoire.
Nous nous sommes bien amusés !
Joëlle Dollé
Introduction aux textes
Nous avons opté pour la définition large du mot « légume » dans le TLF (Trésor de la Langue Française) : « Plante potagère dont une partie au moins (racine, bulbe, tige, feuille, fleur, graine, fruit) est utilisée pour l’alimentation humaine. »
L’histoire du légume est solidaire de l’histoire de l’humanité. On retrouve les thématiques de l’acclimatation et de la culture agraire. Premier médicament, l’ensemble des légumes est source, entre autres, de vitamines et d’oligoéléments. Ce n’est cependant pas un légume miracle ou sa version encapsulée qui guérira le monde, mais la diversité, tant par les espèces que les variétés mangées qui permettent de rester en bonne santé.
La force symbolique qui accompagne le légume est extraordinaire. On le retrouve dans les coutumes et les proverbes. Il revêt aussi les couleurs des religions et des croyances. Il est politique, car synonyme de puissance par les mets les plus chers, les plus éloignés, les plus fins et ceux qui mettent au
défi les saisons et le temps. La diversité des espèces végétales présentes dans les assiettes est issue de tous les continents de notre planète. Elle a été permise par les migrations humaines, avec les routes commerciales qui ont sillonné les terres puis les océans. Le légume s’invite dans l’industrie humaine, l’habitat. Il est vecteur de recherche scientifique, de la botanique à la génétique en passant par les mathématiques.
On peut rendre hommage à tous les jardiniers qui développent et conservent des variétés locales depuis que l’homme s’est sédentarisé. Le potager porte les valeurs de la terre, de la
solidarité, de la protection nécessaire de l’environnement puisque ses jardiniers ont la conscience visible que la terre nous nourrit. Humains conscients de cet héritage, notre responsabilité est de le sauvegarder et de le faire fructifier.
Christophe Opec